SORTIE MARCHE NORDIQUE : VITRY EN MONTAGNE "la recouvrée"

Par une température estivale,Vitry-en-Montagne et Rouelles, villages typiques, nous accueillent aujourd'hui. Leur population avoisinait deux cents habitants au 18ème siècle. Elle est descendue actuellement à une quarantaine d'âmes. C'est le triste bilan des campagnes, et plus particulièrement du canton d'Auberive, avec une densité de 4,7 habit./ Km2 répartis dans 20 bourgades .

Nous partons de l'église paroissiale Saint-Martin de Vitry pour un circuit de 15 km accidenté et relativement élevé, (l'altitude moyenne est de 411 mètres), Une bonne partie du parcours sillonne sous la frondaison des hautes futaies qui font la richesse naturelle de ce joli territoire. Il sera bientôt intégré dans le Parc National en gestation.

Après avoir franchi le point culminent (475 m d'altitude), Alain profite d'un passage dans une belle futaie de hêtre pour faire une démonstration de cubage de bois sur pied. Il sort un petit instrument de sa poche appelé « relascope ». Celui-ci permet de calculer la surface terrière d’un peuplement. C'est une donnée que le propriétaire forestier est peu habitué à utiliser. Elle est pourtant facile à estimer en forêt et elle donne un renseignement précieux sur la richesse du peuplement.

Plus loin nous longeons une limite de forêt. Elle est matérialisée par de hautes bornes figées dans le sol, gravées sur une face d'une croix et sur l'autre d'une crosse. Elles servent à délimiter les terrains sur lesquels deux autorités pouvaient exercer leur droit d’usage avant la révolution.

A10km du départ s'ouvre devant nous une grande clairière. Nous découvrons Rouelles flanqué au fond d'un vallon ceinturé par la forêt de Montavoir et le bois Razet à proximité de la source de la Peutefontaine. On y découvre des belles bâtisses : le lavoir, l'église de l'assomption de la Vierge, deux d'arbres séculaires, une cabane perchée, et une vaste maison ayant abrité un établissement industriel. En effet, ici au 18em siècle, une verrerie est en pleine activité. Cette manufacture de glaces rivalise avec la célèbre maison de Saint-Gobain. Elle s'est implantée dans les dépendances du château, « un bâtiment carré précédé d'une cour herbue et flanqué aux ailes de tourelles en forme de pigeonnier ». Cet important établissement est devenu actuellement une résidence secondaire.

A. Thieuret (1833-1907) grand écrivain qui chante les terroirs, les forêts, les petites villes bourgeoises, c'est inspiré dans cette contrée de Rouelle pour écrire son roman « la Sauvageonne ». Dans ce roman, l’auteur nous invite à découvrir comment deux femmes et un homme, acteurs d’une société provinciale a priori sans histoire, vont s’engager sur les chemins d’une même destinée. « Sauvageonne » tire son succès du contraste par lequel André Theuriet fait d’un bourg forestier (en l'occurrence Rouelles), cadre idéal à la vie, le théâtre d’un imbroglio oppressant, où la question de l’épanouissement des êtres est posée.

Nous rejoignons notre base de départ par les chemins pentus qui traversent les forêts communales de Rouelles et de Vitry.

La marche a été longue, quelques passages ont fait perler la sueur sur la peau, seul le souvenir des belles découvertes reste dans nos esprits.